Lundi 8 novembre 2010

Avertissement de l'auteur : Le récit qui va suivre peut entraîner quelques envies pressantes dues à la quantité importante d'eau brassée. Alors prenez vos précautions avant de commencer votre lecture.

Après un petit déjeuner au dulce de leche et le bouclage des valises, c’est le départ pour le parc Argentin d’Iguazu (oui, aujourd’hui on est en Argentine, alors on dit Iguazu), dans un grand bus… qui cale au bout de 10 minutes. Le chauffeur descend voir ce qui se passe, ce qui n’a rien de très rassurant. Alors, nous descendons aussi voir ce qui se passe. Non, le syndrome « Agnès laissée sur la bas-côté par le chauffeur de La Paz » ne passera pas par nous ! (Cf. Escapade Sud-américaine 2008). Notre chauffeur commence à farfouiller dans le moteur, remonte à son poste, recule dans la pente. Le moteur tousse et démarre. Tout le monde en voiture, cette fois c’est parti !… Au moins pour 5 minutes.

Nous sommes cette fois arrêtés en plein milieu d’une rue à double-voie, avec des voitures et des camions qui déboulent d’un peu partout. Mais on se disait bien aussi, qu’il faisait un drôle de bruit depuis qu’on avait redémarré, ce moteur ! On nous fait donc mettre à l’abri sur le terre-plein central, car malgré les efforts, cette fois l’engin s’est bel et bien mis en grève. Qu’à cela ne tienne, un autre bus va venir nous récupérer. Sauf qu’au départ, on avait prévu de laisser les sacs dans le bus, et là, ça sera pas possible. Heureusement qu’il y a des consignes à l’entrée du parc. Ca va nous permettre de voyager un peu plus léger.

Dès notre arrivée, Hélène, Raymond, Raymonde, Michel, Mp et moi allons réserver notre billet pour la « Grande Aventure » du Jungle Explorer, qui doit nous emmener en zodiac au pied des chutes. « Douche garantie jusqu’à la culotte », nous a assurés Nico. Ca m’emballe pas des masses de me faire tremper comme une soupe, mais bon, ce serait dommage de ne pas le tenter et de me faire traiter de poule mouillée. Après tout, on n’a qu’une vie (C'est fou le nombre de trucs débiles qu'on arrive à faire avec ce genre de reflexion).

En attendant notre heure de passage, le mieux est encore de profiter des magnifiques points de vue qu’offre le circuit supérieur en suivant Mariel et ses indications. C’est ainsi, que nous pourrons admirer sous presque toutes les coutures le salto San Martin, la cataracte possédant le plus grand débit du site. Difficile d’imaginer en voyant ça que ça peut continuer à couler comme ça indéfiniment. C’est pas possible, ça va bien s’épuiser à un moment ! Sinon, il paraît que la température de l'eau est à environ 25°C. Ca va, c'est gérable.

Je vous laisse imaginer ce qu’a dû éprouver Alvar Nuñez Cabeza de Vaca, lorsqu’il découvrit ces chutes au détour d’un coup de machette, par un beau matin de 1542, alors qu’il n’y avait ni passerelles, ni panneaux explicatifs, seulement la selva, les oiseaux et les moustiques. Ou peut-être que c’était par un après-midi pluvieux, allez savoir. Pour la petite histoire, il fut aussi le premier à explorer Texas quelques années plus tôt, alors peut-être qu’il était habitué aux paysages grandioses, finalement. Le site a été classé en 1984 au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Chutes d'Iguazu : salto San Martin

Après une halte-pipi, parce que toute cette eau, ça ne laisse pas indifférent, (je vous avais prévenus) nous attaquons le circuit inférieur, qui permet de prendre encore plus consicence de la puissance dégagée par toute cette eau. On se sens vraiment tout petits.
Puis nous descendons jusqu'à l'embarcadère pour prendre place à bord des fameux zodiacs. De là-haut, nous avons eu tout loisir de les observer, et ça risque d’être TRES sympathique. Pendant que Paul, Marylise, Liliane, Gérard, Christiane et Christian débarquent sur la Isla San Martin (Oui, encore un "San Martin". Comment il s'appelait déjà, le grand libertador argentin?), histoire de se faire quelques marches avant le déjeuner, Mp et moi retrouvons Raymonde et Michel à l’embarcadère. Juste le temps d’apercevoir Hélène et Raymond qui ont déjà appareillé, et nous nous concentrons sur la grande aventure. The Big One.

D’abord, attraper un gilet de sauvetage. Puis un grand sac étanche pour y coller toutes nos petites affaires, appareil-photos compris. Flûte, zut, crotte! Pour les photos, c'est mort. Pourtant, quand on regarde autour de nous, les gens n’ont pas l’air trop mouillés. Allez, ça devrait bien se passer. Ni une ni deux, nous voilà à bord. Même les sièges ne sont pas aussi trempés qu’au Parc Astérix. Je suis sûre que Nico, il a juste voulu nous faire peut.
Bon, c’est mon jour de chance. Devant moi vient de s’installer Hulk : une masse américaine cubique de 2 mètres de côté… Ah non, tiens, il se déplace … et vient s’installer à côté de moi. Mon espace vital vient brusquement de rétrécir au lavage. Le bon côté, c’est que je pourrai toujours m’abriter derrière. Il fait beau, il fait chaud, tout le monde est heureux, le pilote et le caméraman plaisantent. Tout va bien. Nous voguons tranquilles sur le Rio Iguazu, pour faire une première halte photo devant les deux mousquetaires… Sauf que mon appareil est dans le sac, trop compliqué à ouvrir. Dommage, parce que pour l’instant, ça mouille pas trop. Une deuxième pause devant le salto Bossetti. Et là, le temps se couvre. Si si : le pilote et son collègue sont en train de sortir la salopette et le ciré, et de colmater les écoutilles. On va subir un grain, c'est sûr, maintenant. Tricheurs ! Tu m’étonnes qu’ils n’étaient pas mouillés ! Je sens qu’on va déguster.
Ni une ni deux, ils amènent carrément le bateau SOUS la chute d'eau. Moi qui pensait qu’on n’aurait que les embruns… ben tiens : c’est carrément des seaux d’eau qui nous tombent dessus. Une vraie déferlante que n’aurait pas reniée George dans « En pleine tempête ». Allez, un petit passage de l’autre côté, histoire d’être bien sûrs qu’on n’aura pas un côté plus sec que l’autre. J’ai bien essayé de planquer mes pieds sous le siège, mais rien à faire : ça coule jusque dans les chaussettes. Et le brushing est à refaire. Trempés jusqu’à la culotte, qu’il avait dit, Nico. Juste pour le fun, on fait un dernier passage sous les deux mousquetaires : ça crie, ça hurle, ça rit, ça tente de garder les yeux ouverts. C’est génial ! Ca vaut bien le billet. On se croirait presque sur un très bon manège à sensations.
Puis le zodiac prend de la vitesse et descend le bras de la rivière à bonne vitesse, cheveux au vent : après le lavage et le rinçage, voilà l’essorage… mais c'est parce qu’on le vaut bien ! L’air est chaud, c’est drôlement agréable. Et la balade valait le détour.
Au débarcadère, à peine ai-je le temps d’essorer un peu mes chaussettes (un conseil, allez-y pieds-nus ou en claquettes, et en maillot de bain), que nous grimpons dans les camions 4x4 qui vont nous reconduire au Parc à travers la forêt. Mariana, la guide du tour nous donne quelques explications sur la faune et la flore, mais mon espagnol reste encore rouillé (avec toute cette eau, c'est un peu normal. "Je vous ai dit que j'avais de l'eau dans les oreilles?"). En plus, je crois bien qu’elle nous a pris pour des américains, à cause de ma casquette des Dodgers. Une chose est sûre, pour voir les animaux, faudra repasser. Trop chaud, trop de lumière, trop de gens. Pfffffff...

Chouette ! Les affaires de rechange sont à la consigne, à l'autre bout du parc. Et si on veut pouvoir terminer notre visite avant le départ, c'est pas la peine de penser aller les chercher. Du coup, Michel, Raymonde, Mp et moi nous attablons entre ombre et soleil pour un déjeuner rapide – avec chaussettes et baskets qui sèchent sur les chaises à côté – avant de nous rendre à la station du petit train (écologique), qui doit nous mener sur le site de la Garganta del Diablo, clou de la visite. Vingt minutes de marche sur les passerelles à l’aller, le même au retour, il va falloir faire vite. Mais ça aurait été dommage de rater ça : les chutes les plus impressionnantes du parc (80 mètres de haut), une masse d’eau assourdissante, des embruns qui masquent complètement le fond, et malgré ça, les martinets des cascades qui volent entre les interstices pour aller se poser sur la roche derrière le rideau de pluie. Et si on coupe le robinet, à votre avis, c’est comment dessous ? Je sais, je me pose de drôles de questions existentielles, parfois.

Chutes d'Iguazu : la garganta del diablo

Chutes d'Iguazu : la garganta del diablo

Nous sommes de retour devant l’entrée à 15h57, pile-poil dans les temps. Un minibus nous accompagne jusqu’à l’aéroport. Nous sommes bien en avance, mais Nico est un peu comme moi : stressé à l’idée d’un imprévu qui nous ferait manquer le vol. Là, pour l’instant, pas de danger : on est les premiers dans le file, et l’enregistrement tarde à commencer. Pourtant, il y a du monde au comptoir de LAN. Mais ça n’a pas l’air de les perturber, de voir la file s’allonger. Une heure avant le décollage, toujours rien. Nico finit par aller se renseigner. Surpriiiiiise ! Le vol est annulé ! Nous sommes redirigés vers le comptoir de Aerolineas où nous passons comme une lettre à la poste (expression historique, datant d'une période reculée où l'établissement que l'on appelait alors PTT ne connait pas le mot "grève" ni celui de "imprévu indépendant de notre volonté, nous vous prions de bien vouloir nous en excuser"), sans taxe d’aéroport ni de supplément poids. Nous décollons pour Buenos Aires avec seulement une demi-heure de retard sur l’horaire, et finalement Aerolineas, c’est pas si mal. Côté LAN, apparemment, il y a grève des hôtesses, d’où le pourquoi du comment.

Le problème dans l’histoire, c’est que LAN était censé nous prendre en charge à l’arrivée pour nous conduire à l’hôtel suite à une sombre histoire d’erreur dans les réservations. Après avoir fait la visite des pistes de l’aéroport Buenos Aires - Ezeiza en bus (au premier rang), nous voilà donc à retraverser tous les terminaux avec nos bagages. Le chariot à bagages sur lequel j'ai dès le départ posé mon sac à dos, rejoint par le sac de Mp, fait rapidement des émules. Au fur et à mesure que nous avançons, nos compagnons récupèrent d'autres chariots pour y charger leurs valises. Mais c’est ça, de ne pas voyager avec une valise à roulettes : on acquiert très vite les bons réflexes.
Au comptoir de LAN, ça n’a pas l’air de s’arranger : ils ne semblent pas au courant qu’ils devaient s’occuper de nous. C’est ballot. Dans le groupe ça commence à râler un peu. C’est qu’il se fait tard. Mais bon, avec Mp, Sylvie et Isa, on s’en fout un peu. On est en vacances, et Nico gère (phrase du jour). Au final, ils nous enregistrent quand même pour le vol de demain vers San Carlos de Bariloche, et finissent par nous trouver des véhicules pour nous accompagner à l'hôtel. Nous partons donc quatre par quatre, direction un grand hôtel de la ville, le Dolmen, à peine deux rues derrière notre cher (et bruyant) Posta Carretas. A notre tour, Mp et moi voyons un chauffeur en costume nous demander de l’accompagner. Ravie, Mp hasarde qu’on va peut-être avoir une limousine… Euh… Une Citroën Berlingot, ça t’ira ?

A l’hôtel, un bon repas nous attend, mais il va falloir se dépêcher, car le restaurant ferme à 23h30. Pas de panique, tout va bien. De toute façon, on est crevés, alors le repas c'est un peu le cadet de nos soucis.
Tout le monde a fini par arriver, le réceptionniste nous remet nos clés. A tiens ! Les couples « illégitimes » font chambre à part, ce soir. Bon ben on va pas chipoter, hein. Une salle de bain, deux grands lits (dilemne, le quel choisir ???) et un grand écran télé pour moi toute seule, ça ne se refuse pas. A demain, Mp ! Fais de beaux rêves.
Dans l’ascenseur, Marylise m'annonce quand même que Christiane a pris l’initiative de faire réveiller tout le monde à 6 heures demain matin… Non mais, de quoi je me mêle ?
OK, restons calme, va falloir ruser.

Chuuuuuut(es) devant ! - J06

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